Le sujet programmé ce mercredi 20 mars 2024 n’a pu être présenté ; nous (PB et MDz) avons dû « presque » improviser : nous avons choisi de restituer au groupe certains moments passionnants que nous avions vécus à Nantes, au colloque du CLR Pays de Loire, le 2 mars, à la médiathèque, quai de La Fosse. Le fil rouge du colloque : l’égalité Femme / Homme
Les vidéos des interventions seront bientôt en ligne sur :
https://www.laicite-republique.org/-clr-pays-de-la-loire-.html
A partir de nos notes, un petit aperçu :
Bassem ASSEH, 1er adjoint à la Maire de Nantes, en charge du dialogue Citoyen
Une leçon de laïcité tant théorique que pratique où il pointe la nécessité de la pédagogie. Il la met lui-même en pratique en allant expliquer, jusque dans les quartiers, en quoi la laïcité est tout bénéfice pour les croyants !
Aïda TAVAKOLI, Architecte, Doctorante spécialiste de la gestion de l’eau en Iran.
Co-fondatrice et Présidente de l’association We Are Iranian Students (WAIS)
Qu’en est-il de la jeunesse d’aujourd’hui en Iran ?
60 % de la population a moins de 40 ans.
Le rôle de l’université en Iran (gratuite, accès sur examen) : elle a une forte vocation émancipatrice, et le niveau universitaire des jeunes gens est supérieur à la moyenne européenne. La culture ancestrale iranienne (littérature, poésie, musique, art …) est cultivée en privé, dans les familles.
Cependant 60 % de ces jeunes, très diplômés, sont actuellement au chômage.
Les jeunes subissent une répression très forte ; ils ont conscience du niveau de corruption des élites religieuses, l’inflation les touche en premier lieu …
Pour Aïda, la laïcité est la condition sine qua non de la liberté des femmes.
L’initiative WAIS
« En Iran, vivre, c’est désobéir », résume Aïda Tavakoli. Au prix de leur vie : arrestations, emprisonnements, la torture est partout …
Le but de WAIS : Faire la lumière sur ce qui se passe en créant, à grand risques, des réseaux d’information. Parler de ces réalités pour sauver des vies : "Changer le monde avec 3 mots : Femme, Vie, Liberté. ..."
IJDADI Didier, sociologue et exilé politique iranien
Une culture iranienne issue de son histoire
L’« édit » du roi Cyrus le Grand publié au lendemain de la chute de Babylone (539 avant J-C), d’une valeur incomparable, puisqu’il est en fait la première Déclaration des droits de l’homme dans l’histoire de l’humanité.
Zaratoustra et l’introduction de la morale dans le monde …
Le règne des Pahlevi, la « Révolution blanche »
1979 et la proclamation de la république islamique
Un nouveau régime renforcé par la guerre Iran-Irak (1980-1988)
La progression des réformistes (1988 – 2013)
Le virage actuel, amorcé il y a une dizaine d’années : un combat laïque et universel
Les aspects symboliques du slogan Femmes, Vie, Liberté :
La femme : elle n’a pas la même valeur que l’homme selon la Constitution (au nom de la tradition et de la religion, elle est objet de répression)
La vie : l’interdiction de toute manifestation de joie (chant, danse, musique …), les contrôles incessants, le manque de liberté d’expression, le contrôle des médias, les emprisonnements, les tortures …
La liberté : le régime actuel est à l’opposé des libertés, totalitariste, proche du fascisme
Une révolution politique, féminine, laïque
Françoise Morvan, administratrice du Mouvement pour la Paix, Contre le Terrorisme »
L’Afghanistan est un pays indépendant depuis 1919. Les femmes ont aussitôt obtenu le droit de vote.
1964 : une constitution d’inspiration occidentale construite autour de 3 priorités :
– Identité : considérer comme Afghan tout individu quelle que soit son origine
– Instruction : dispenser une éducation universelle pour les filles et les garçons
– Patrimoine : mettre en valeur la richesse archéologique
L’appui de la France (lycée, archéologie)
1994 : l’arrivée des talibans, le mollah Omar, le retour à un islam « pur » qui balaye les acquis des Afghanes et mutile la culture. Le sort réservé aux femmes et aux fillettes
Il faudrait d’urgence reconnaître en Afghanistan : un crime d’apartheid contre les femmes commis par un état paria.
Razika ADNANI, philosophe, islamologue et conférencière franco-algérienne :
« Menaces sur le principe d’égalité ; comment faire face ? »
Depuis le 16ème siècle, c’est toute la civilisation occidentale qui se fonde sur l’Égalité et la Liberté.
Une menace politique et géopolitique : La force et le pouvoir changent de camp (Inde, Chine, Qatar … L’ONU et l’islamophobie)
Une menace d’ordre culturel : Le principe d’égalité est altéré parce qu’il ne respecte plus l’objectif de justice sociale qui a présidé à sa création. Les jeunesses occidentales en sont arrivées à revendiquer une égalité qui est exactement l’inverse du principe originel … Le principe d’égalité, pas plus que la justice sociale ne nient les différences. Ce qu’il dit, c’est que la loi est la même pour tous. Toute exagération dans l’application d’un principe se retourne contre lui et la démocratie se corrompt si les principes qui la fondent sont altérés.
Une menace d’ordre religieux : la montée des fondamentalismes et des conservatismes. Le voile comme l’arme de guerre des islamistes. Quand les femmes acceptent de le porter, elles finissent par accepter toutes les autres discriminations (polygamie et c…)
La Charte de la Mecque (2019)
Sa conclusion : les philosophes doivent relancer la réflexion sur les principes et valeurs républicains.
Il faut étudier le voile sur les plans historique, sociologique, psychologique et en parler comme on parle de l’esclavage. Il faut aussi faire un travail au sein des religions (les contradictions au sein du Coran)
Le débat a porté sur l’arrivée du mouvement taliban en Afghanistan, la place de la culture dans les mouvements de résistance, les oppositions entre pays voisins, la dimension géopolitique, les versets contradictoires dans le Coran, équité et égalité, le cinéma iranien, le niveau de l’e-technologie, les féminicides ….
